Quelques faits qui m’ont frappé, surpris, enthousiasmé ces dernières semaines.
Forte de sa position dominatrice, Google se diversifie en série. En quelques semaines, plusieurs annonces. Google lance la distribution d’ordinateurs équipés de l’OS Chrome et fonctionnant « dans les nuages ». Ils seront fabriqués par Acer et Samsung. Google lance un service de juke-box personnel, « music », qui permet aux utilisateurs américains de stocker en ligne leur musique pour l’écouter de partout. Google expérimente un concurrent de Groupon à Portland. Google va expérimenter les technologies de paiement sans contact ("near field communications" ou "NFC") avec des terminaux mobiles, et financer l'installation de plusieurs milliers de terminaux chez des commerçants de New York et San Francisco.
Autre constat : le jeu en ligne a de l’avenir (et est probablement un secteur clé pour le futur. J’y reviendrai un jour). Exemples.
Le comité sectoriel du commerce de détail du Québec a lancé en avril deux jeux en ligne de formation à la vente (conclure une vente, cerner les besoins des clients, traiter les plaintes). Il est reconnu dans le cursus de formation reconnu par le ministère.
Zynga est le leader des jeux en ligne se greffant sur Facebook. En un mois (décembre 2010) son jeu Cityville a attiré 84,2 millions de personnes. Les joueurs procèdent à des micro-paiements pour acquérir des éléments pour progresser plus vite dans le jeu. Et ça marche. En 2010 l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaire estimé à 450 millions de dollars (en croissance expresse). Le phénomène est tellement fort que cela devient un outil marketing. Ainsi Lady Gaga (ou son producteur) a mis en place un partenariat avec Zynga pour la sortie de son prochain album. A partir du 17 mai, une ferme sera ouverte dans FarmVille (un autre jeu de la marque). Nommée GagaVille, à l’esthétique stylée Lady Gaga (licornes, moutons motorisés et cristaux), les joueurs qui la visiteront pourront écouter des chansons inédites, ils recevront des zCoins, points qu’ils pourront échanger contre des objets virtuels limités qu’ils pourront utiliser dans les jeux de Zynga auxquels les fans aiment jouer.
Des modèles d’affaires différents se mettent aussi en place. Ils s’appuient sur des approches de pull. La chaîne de valeur s’organise à partir de l’agrégation des demandes des clients. Exemples.
garmz.com est une start-up autrichienne. Des designers de partout sur la planète y déposent des dessins de leurs créations, des clients peuvent décider d’acheter. Si le volume est suffisant, les
Myfab.com est une entreprise d’achat direct dans le domaine du meuble. Les clients votent sur les produits qui constitueront la prochaine collection. Lorsque le nombre d’acheteurs d’un produit est suffisant, la production est lancée. Plus d’intermédiaires, plus de stocks : les frais sont réduits, les prix aussi. Les clients peuvent suivre la fabrication et la livraison des produits en ligne.
En passant, on estime qu’en 2011 un milliard de personnes seront équipées de téléphones intelligents.
Et dans les chiffres.....
Moins anecdotiquement, un rapport de McKinsey & Cie, « L’impact d’Internet sur l’économie française » permet de mesurer l’ampleur du phénomène.
Dans cette étude 400 PME ont été interrogées.
Du point de vue macroéconomique :
La filière Internet (télécomm via IP, informatique liée à Internet, activités économiques basées sur le web) a contribué au quart de la création nette d’emplois en France entre 1995 et 2010 (700 000 emplois dont 50% dans des entreprises dont Internet est le cœur d’activité. Auxquels il faut ajouter 300 000 emplois indirects). Et à un quart de la croissance en 2010 (qui certes n’était pas bien forte). Cette contribution s’est accélérée : 10% sur les quinze dernières années, 20% sur la période 2005-2009 et 25% entre 2009 et 2010.
Bilan : la part de la filière représente 3,2% du PIB en 2009, soit plus que l’énergie, les transports ou l’agriculture. En 2015 elle devrait s’élever à 5,5% du PIB. Or la performance de la France en matière de développement de la société de l’information reste moyenne. Si elle s’alignait sur les cinq pays développés de tête, le poids économique en 2015 pourrait être supérieur du quart (160 milliards d’euros potentiels contre 129 milliards prévus). Indice du phénomène : Le secteur public est relativement peu présent. Ainsi alors que les dépenses publiques représentent plus de 23% du PIB en 2009, la part du secteur public (consommation + investissement) ne présente que 13% du PIB de la filière internet (contre 25% au Royaume-Uni par exemple).
Autre indicateur que la France n'est pas à l'absolue pointe : la balance commerciale de la filière internet française est très légèrement déficitaire.
Du point de vue des entreprises :
75% de la valeur-ajoutée créée l’a été par des entreprises traditionnelles ayant développé des activités en ligne. Internet n’est donc pas qu’une affaire de spécialistes, mais bien une technologie qui bouleverse en profondeur l’ensemble des chaînes de valeur des entreprises.
Les entreprises à forte intensité web ont crû deux fois plus vite que les autres et ont exporté deux fois plus. (4% du CA à l’export, contre 2,6% pour la moyenne et 2% pour celles à faible intensité web).
Internet a permis de réaliser 15% de gains de rentabilité en moyenne par la combinaison d’une amélioration du chiffre d’affaires (+8%) et une réduction des coûts (-7%).
Le site de la SNCF est le premier site de e-commerce en France.
Du point de vue des Internautes :
Les internautes français dépensent en moyenne 1000 euros par an dans des achats en ligne contre 1900 euros au Royaume-Uni.
L’étude calcule le « surplus de valeur » créé pour les clients. Il s’agit des services gratuits accessibles sur Internet. Le montant en 2009 a été de 7 milliards d’euros (36 euros par mois et par foyer connecté).
Les réductions de prix des achats sur Internet par rapport aux magasins physiques est estimée à 2,5 milliards d’euros.
53% des internautes ont préparé leur achat en ligne avant d’acheter en magasin. Cela représente un montant de 28 milliards d’euros en 2009 et l’équivalent de 150 000 emplois induits.
Conclusion :
Internet est une technologie au cœur des transformations économiques actuelles. Les entreprises classiques jouent de leurs avantages et l’intègrent dans leurs chaînes de valeur. Ainsi que ce soit dans la distribution de l’épicerie en ligne ou dans les services financiers, hors quelques niches, ce sont les acteurs traditionnels qui ont gagné en s’appuyant sur leurs capacités : image de marque, connaissance des métiers, réseau de partenaires, etc.
Par ailleurs des pure players sont apparus qui proposent des modèles d’affaires parfois surprenants, plus souples, plus pull, dans un mode que Jacques Chaize de manière visionnaire appelait l’hypertexte. C’est à dire une organisation de la chaîne de valeur qui se déclenche en fonction de la demande des clients. Cette approche change effectivement tout : la gestion des opérations, de la logistique, et du marketing.
Dans un prochain message nous verrons sur la base d’une étude du Centre de la Recherche Economique et ses Applications (CEPREMAP) l’impact de l’Internet dans l’économie de la musique.
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