Ma chronique dans l'émission "L'après-midi porte conseil" de Radio Canada portait cette semaine sur l'emploi des seniors. Quand les travailleurs expérimentés sont poussés vers la sortie. C'est à écouter ici.
Quelques chiffres pour commencer afin de mesurer
l’importance de l’enjeu.
- Au Québec, la population de 55 ans et plus est passée de 20 % en 1970 à
35 % en 2011. Elle atteindra 43 % en 2030.
- Au
cours des 25 prochaines années, au Québec, le rapport entre actifs et retraités
va évoluer de cinq actifs pour un retraité à deux actifs pour un retraité.
- Selon une étude de Desjardins, au
Québec en 2009, le taux d’emploi des gens de 55 à 59 ans se
chiffrait à 62,0 % et à 39,0 % chez les 60 à 64 ans. Dans les deux cas, le Québec affiche un retard
par rapport à la moyenne canadienne : 67 % pour les 55-59 ans et 47% pour le
60-64.
- Ces taux
sont en augmentation depuis la fin des années 90. Aujourd’hui les seniors sont
en demande. Selon une étude de la banque TD, “au Canada, un tiers des emplois créés
depuis mi-2009 revient aux seniors, alors que ces derniers ne représentent que
8% de la population active. (...) Au plus fort de la crise, entre octobre 2008 et juillet 2009, les
employeurs ont recruté 100 000 Canadiens de 60 ans et plus. Dans le même
temps, ils ont licencié 519 000 salariés de moins de 59 ans.” Et l’on
travaille de plus en plus tard : “le nombre des plus de 70 ans ayant trouvé
un emploi a augmenté de 37 % sur la même période, avoisinant les
55 000.
- D’ailleurs le budget 2012 du
Québec prévoit une série de mesures pour inciter les baby-booomers à rester
plus longtemps sur le marché du travail et les retraités à y retourner.
1. Un senior ça sert à quoi ?
Au Québec, comme partout le maintien au travail des
personnes expérimentées est un enjeu macroéconomique. Quittons les grands
chiffres et allons voir au niveau des organisations et des individus. Première
question, un senior, en quoi est-ce utile dans une organisation ? N’est ce pas
dépassé dans un contexte où tout change très vite ?
Un baby-boomer c’est :
- Immédiatement productif puisque déjà
formé.
- Cela a
de l’expérience. Et surtout cela maitrise
la connaissance tacite, celle qui n’est écrite nulle part et qui au final
est celle qui a le plus de valeur, celle qu’il faut transmettre aux jeunes. Les
quincailleries l’ont bien compris. Quelqu’un qui a fait de la rénovation
pendant 40 ans est le meilleur des conseillers. Il connait toutes les astuces,
celles qui ne sont pas écrites sur les modes d’emploi et les boites des
produits. D’ailleurs Rona est, avec la FADOQ, à l’origine du site 45plusjob.com, qui vise à
« Choisir les candidats de plus de 45 ans, c’est un investissement qui
rapporte rapidement : expérience, savoir-être, connaissance et créativité.”
- En
outre comme le démontre Philippe Fache dans ses travaux sur Wal-Mart, les
seniors s’adaptent mieux aux contraintes
des métiers de service.
- Cela ressemble à une clientèle qui vieillit.
Un article du journal Les Affaires mentionne que chez
SécuriGroupe, un cabinet de services financiers qui cible les plus de 50 ans le
meilleur vendeur a 76 ans.
- Ils sont à un stade de leur vie et de leur carrière où les enjeux de
pouvoir ont disparu. Ils sont plus
sereins, plus fidèles à l’organisation. Les Glissades des Pays d’en Haut
l’a bien compris. En 2000, le centre de glissades sur tube et de rafting des
Laurentides a pris un virage à 180 degrés dans la gestion de ses ressources
humaines. Pour diminuer son taux de roulement, la PME a décidé d’améliorer le
climat de travail et de recruter plus de retraités. « Les travailleurs
plus âgés sont plus fidèles que les jeunes, qui sont plus nomades. Encore
faut-il savoir prendre soin d’eux », indique Nicolas Raymond,
copropriétaire de l’entreprise.
- Enfin les seniors ont une forme
de créativité très complémentaire aux plus jeunes. Galenson, un économiste
,a démontré en étudiant comment les oeuvres majeures des artistes se
positionnent dans leur carrière, que ceux dont les oeuvres fameuses datent du
début de leur carrière sont ceux qui ont introduit des révolutions (ex. Mozart,
Picasso ou Celine), au contraire ceux dont les oeuvres maitresses datent de la
fin de leur carrière sont ceux qui ont amené à un niveau de perfection un
courant artistique existant (ex. Beethoven, Mark Twain). Conclusion : les deux
formes de créativité sont complémentaires : les jeunes apportent les ruptures,
les anciens le raffinement. On a besoin d’un pont entre les générations.
- Je pose souvent la question à des jeunes : Qu’est ce que les boomers ont
que vous enviez dans votre vie professionnelle. Ils répondent essentiellement
deux choses : Les seniors maitrisent mieux la complexité (1) des organisations
et (2) de la vie. Ils ont une forme de sagesse que les jeunes leur envie. Ils
aiment avoir accès à cette connaissance.
Pour toutes ces raisons les seniors,
voire les retraités apportent une véritable valeur ajoutée dans une équipe. Alors
comment les motiver ? Comment leur donner envie de continuer à travailler alors
que Les incitatifs financiers ont peu d'effet auprès de personnes qui ont
déjà payé leur maison et dont les enfants sont partis ?
2. Un senior, comment ça se motive ?
2.1. Proposer un contexte de travail adapté.
2.1. Proposer un contexte de travail adapté.
Le
corps vieillit. On voit mien bien, le dos et les articulations sont plus
fragiles. IL faut aménager l’espace de travail.
SEB,
une entreprise d’électroménager française a mis en place une démarche originale
pour sensibiliser les dirigeants et aider à réfléchir à l’adaptation du poste
de travail et l’organisation du travail dans son ensemble. Le vieillissement
est reproduit en baissant le son et la lumière et des conditions de stress sont
reproduites à l’identique.
Chez Glissade des Pays d’en Haut, pour attirer les seniors, qui représente aujourd’hui
environ le quart de ses effectifs, il a fallu adapter le contexte de travail :
chalets chauffés, rotation rapide aux postes de travail extérieurs, vêtements
de haute qualité fournis, etc.
Autre exemple extrême : une bannière pharmaceutique
américaine a mis en place une « snowbird
policy » grâce à laquelle ses employés seniors peuvent changer de région
en fonction de la saison (l’hiver en Floride et l’été dans les montagnes).
2.2. Permettre une conciliation vie personnelle – vie
professionnelle
A ce stade de leur vie, les seniors ont envie de
profiter de la vie, de leurs petits-enfants, des loisirs entre amis tant que la
santé va bien. Ils sont peut-être encore plus sensibles à la conciliation vie
personnelle et vie professionnelle. La flexibilité des horaires, le temps partiel
sont des incontournables.
De plus en plus d’entreprises s’y mettent. D’ailleurs
le gouvernement propose de nouvelles mesures pour le faciliter. Glissade des
Pays d’en Haut par exemple propose des horaires à
la carte.
La possibilité de graduellement réduire son temps de
travail est une des raisons clés des scores records d’emploi des ainés que l’on
observe dans les pays scandinaves. Mais cela nécessite une révolution des
esprits, une remise en cause d’une visino binaire qui scinde le travail (le moment
où l’on est payé pour exploiter ses talents) et la retraite (le moment où l’on
fait du bénévolat).
2.3. Gérer le développement professionnel tout au long de la vie
2.3. Gérer le développement professionnel tout au long de la vie
Autre changement de regard à effectuer : le fait de
penser qu’un senior n’a plus d’avenir et qu’en conséquence il n’est pas
pertinent d’investir dans sa formation et le développement de sa carrière. Quoi
de plus déprimant et démotivant pour quelqu’un de sentir qu’on ne croit plus en
lui dans son organisation. (Ce qui fait que souvent il s’investit dans la vie
associative au dehors)
Plusieurs entreprises commencent à mettre en place des
entretiens de carrière adaptés à ces populations pour gérer la fin de leur
carrière et trouver les formes de contribution les plus adaptées.
Le cabinet de consultant KPMG insiste sur ce point « Nous offrons diverses options de carrière
qui s’échelonnent tout au long du cycle de vie de l’employé ». Les
retraités peuvent même continuer à agir comme consultants ou travailler
seulement quelques mois par année, en période de pointe
Thales a un mécanisme original pour
aider la carrière de ses seniors ; Thales Missions et Conseil. Pour une durée maximale de 18 mois, une
trentaine de salariés par an, experts
dans un domaine, en difficulté dans leur job, et en majorité de +50 ans,
intègrent la structure et deviennent des consultants internes du Groupe. Ils effectuent des missions diverses dans tous les recoins du
groupe, répondent à des besoins de tutorat, de coaching.
A la sortie, au
delà de l’expertise renforcée ou acquise, ces séniors retrouvent un poste dans le groupe (90%), d’autres deviennent consultants externes ou
partent finalement en retraite.
2.4. Gérer la transmission de la connaissance
Les seniors ont ce que j’appelle le syndrome des
grands parents. Ils veulent transmettre la connaissance qu’ils ont accumulée.
C’est ce que permettent les mécanismes de tutorat et
de coaching. Lorsque quelqu’un d’expérience accompagne un jeune en dehors de la
voie hiérarchique
Dans son complexe du Nouveau-Mexique qui regroupe 5500
personnes, INTEL a instauré un
processus de tutorat entre employés. La démarche consiste à associer deux
personnes en fonction des connaissances spécifiques qu'il leur faut partager.
Rien n'est laissé au hasard. Une base de données recense les connaissances et
les capacités dévoilées par chaque collaborateur. Les détails de la relation
font l'objet d'un contrat qui donne un cadre à la relation. Par exemple un
cadre nouvellement arrivé peut apprendre, d'une assistante administrative,
l'art d'utiliser les réseaux informels qui irriguent l'entreprise.
Dans ce but Areva a mis en place des « entretiens d’expérience ». Ils
débutent 24 à 36 mois avant le départ en retraite. Le futur retraité y discute
avec son gestionnaire d’organisation et de formalisation de la transmission du
savoir, et de possibilité de continuation de contribution post-départ à la
retraite. Ce second point est vraiment intéressant. Areva a constaté que
plusieurs de ses anciens employés intervenaient comme consultants pour des
entreprises nucléaires pendant la retraite. Plutôt que de perdre cette
compétence, l’entreprise propose à ses retraités de rejoindre une communauté de
référents seniors qui seront mis à contribution en interne. D’autre part, elle
a créé une société de service qui permet aux retraités d’intervenir comme
consultants sous le chapeau d’Areva.
Il existe deux difficultés majeures en la matière.
(1) Identifier les connaissances qu’il est pertinent de transférer. D’ailleurs il y a deux questions intéressant que chacun devrait se poser :
- Quelles sont les connaissances que j’ai, qui ne sont formalisées nulle part (dans aucun guide de procédures, aucun intranet, etc.) et qui seraient utiles aux plus jeunes si je pars à la retraite ?
- Quelles sont les connaissances fomalisées nulle part, dont j’aurais besoin dans mon travail et qui sont détenues par d’autres ?
(2) Trouver le bon format de partage. En effet, par réflexe les seniors se mettent dans une relation prof/élève et les jeunes apprennent dans l’action. Si les choses ne sont pas bien faites on se retrouve dans une relation du type : “Vieux qui raconte ses guerres vs. Jeune qui pense tout savoir et qui n’est pas intéressé à écouter”.
(1) Identifier les connaissances qu’il est pertinent de transférer. D’ailleurs il y a deux questions intéressant que chacun devrait se poser :
- Quelles sont les connaissances que j’ai, qui ne sont formalisées nulle part (dans aucun guide de procédures, aucun intranet, etc.) et qui seraient utiles aux plus jeunes si je pars à la retraite ?
- Quelles sont les connaissances fomalisées nulle part, dont j’aurais besoin dans mon travail et qui sont détenues par d’autres ?
(2) Trouver le bon format de partage. En effet, par réflexe les seniors se mettent dans une relation prof/élève et les jeunes apprennent dans l’action. Si les choses ne sont pas bien faites on se retrouve dans une relation du type : “Vieux qui raconte ses guerres vs. Jeune qui pense tout savoir et qui n’est pas intéressé à écouter”.
Pour toutes ces raisons, pousser les seniors vers la
sortie est une erreur économique et humaine. Cependant pour motiver les
seniors, souvent désabusés par l’image que leur renvoie leur milieu de travail,
il est nécessaire de casser des façons de voir bien ancrées et mettre en place
des façons de faire différentes qui permettent aux ainés de poursuivre leur
épanouissement professionnel dans un équilibre entre leur vie personnelle et le
travail.
3. Mais quelques nuances...
Cependant
ce discours très positif mérite quelques nuances. Jean-Yves Duyck et Serge Guérin dans leur recherche distinguent
quatre types de seniors :
- Les "attentistes". Ils sont bien intégrés dans leur contexte professionnel, performants,
mais restent passifs. Leur projet de vie : partir à la retraite au plus vite,
quelles que soient leurs compétences. Dans la mesure où ils sont le sentiment
que leurs compétences ne sont pas prises en considération.
-
Les "dépassés". Ils ne possèdent plus assez compétents pour être compétitifs dans des
environnements de travail qui évoluent très vite. bouleversés en particulier
par les nouvelles technologies. Ils se sentent mis à l’écart, cantonnés dans
des rôles d’exécution et sentent que « leurs jours professionnels sont comptés ».
-
Les "rebondissants". Ceux qui voient de nouvelles opportunités professionnelles. Ils ne voient pas
l’âge comme un problème et se voient poursuivre longtemps et rebondir en
relevant de nouveaux défis.
-
Les "florissants". Ils poursuivent une carrière ascendante au sein de leur entreprise et
que la plupart d’entre eux envisagent de travailler jusqu’à 65 ans.
Et comme toujours sur le
sujet de l’emploi, se méfier des chiffres globaux, et s’intéresser aux
inégalités. On constate alors un phénomène classique de précarisation des
personnes expérimentées les moins qualifiées et qui travaillent parce que leurs
ressources financières sont insuffisantes. Comme toujours derrière la question
du travail se trouvent des questions politiques.
4 commentaires:
Bonjour
J'ai aimé votre billet. Il est fort juste sur l'entreprise en France.
La mixité culturelle pourrait être l'honneur, respectant les termes d'un contrat et s'accompagnant d'un relationnel précautionneux de chacun. Les Hauts Potentiels feront exception toutefois à ces généralités. Ils n'ont peut être pas d'aptitudes particulières, juste un gène Québécois.
J'ai eu pour ma part envie de tenter l'aventure au Québec ... j'y ai retrouvé malgré tout les mêmes désillusions qu'en France ( recruteur qui fait poireauter pour rien, projets farfelus qui n'aboutissent à rien, rendez-vous annulés sans prévenir -, CV sans réponses, propositions qui évoluent désavantageusement au fil des rdv, interlocuteur absent, en congés, en rdv, en réunion ( 6 coups de fil plus tard !) etc ...) Croyez bien que j'en ai été peiné. Je ne sais pas si la bienséance et l'attention sont affaires de culture, elles sont affaires d'humains, sans doute est-ce tout.
Erruer d'aiguillage de mon précédent commentaire qui s'inscrivait à la suite de "management à la Québécoise"
@ Corine,
J'aime le commentaire sur les hauts potentiels. Je ne sais pas si cela tient aux hauts potentiels ou au développement d'une classe de travailleurs "internationaux" (avec plus ou moins de potentiels) dont les enracinements culturels sont moins forts.
Et finalement vous êtes restée au Québec ou rentrée en France ?
Je suis parisien de 55 ans, j'ai reçu un diagnostic de cancer du foie de deuxième stade suite à un examen programmé pour surveiller la cirrhose du foie. J'avais perdu beaucoup de poids. Un scanner a révélé trois tumeurs; un au centre de mon foie dans des tissus endommagés et deux dans des parties saines de mon foie. Aucun traitement de chimiothérapie ou de radiothérapie n'a été prescrit en raison de mon âge, du nombre de tumeurs hépatiques. Un mois après mon diagnostic, j'ai commencé à prendre 12 suppléments de Salvestrol (350 points) par jour, proportionnels à mon poids corporel. Cela comprenait six capsules Salvestrol Shield (350 points) et six capsules Salvestrol Gold (350 points), réparties tout au long de la journée en prenant deux de chaque capsule après chaque repas principal. Ce niveau de supplémentation en Salvestrol (4 000 points par jour) a été maintenu pendant quatre mois. De plus, j'ai commencé un programme d'exercices de respiration, d'exercices de chi, de méditation, d'étirements et d'évitement du stress. En raison de la variété des conditions dont je souffrais, j'ai subi des examens médicaux en cours. Onze mois après le début de la supplémentation en Salvestrol Mais tous invalides donc je continue à chercher une cure à base de plantes en ligne que comment je suis tombé sur un témoignage appréciant le Dr Itua sur la façon dont il a guéri son VIH / herpès, je l'ai contacté par e-mail qu'il a énuméré ci-dessus, le Dr Itua m'a envoyé sa phytothérapie pour le cancer à boire pendant deux semaines pour guérir je l'ai payé pour l'accouchement puis j'ai reçu ma phytothérapie et l'ai bu pendant deux semaines et j'ai été guérie jusqu'à présent je suis tout à fait libre de cancer, je vous conseillerai de contacter Dr Itua Herbal Center On Email ... drituaherbalcenter@gmail.com. Numéro WhatsApps ... + 2348149277967. Si vous souffrez des maladies énumérées ci-dessous,
Cancer
VIH / sida
Virus de l'herpès
Cancer de la vessie
Cancer du cerveau
Cancer du côlon rectal
Cancer du sein
Cancer de la prostate
Cancer de l'oesophage
Cancer de la vésicule biliaire
Maladie trophoblastique gestationnelle
Cancer de la tête et du cou
lymphome de Hodgkin
Cancer intestinal
Cancer du rein
Leucémie
Cancer du foie
Cancer du poumon
Mélanome
Mésothéliome
Le myélome multiple
Tumeurs neuroendocrines
Lymphome non hodgkinien
Cancer de la bouche
Cancer des ovaires
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